Le monde fonctionne au chantage, et c'est sous la seule menace de voir effacer trois années de ma vie que mon clavier recliquette ici.
Et pourtant, s'il suffisait d'oublier un fait, un lieu ou un être pour qu'il disparaisse, ça se saurait.
J'voulais juste poster un article vide ou presque, histoire de garder les choses comme elles sont,
Mais comme dirait l'autre, cette facilité ne me ressemble pas.
Quelques mots de plus ne devraient faire de mal à personne.

Alors j'me retrouve comme un con, lettres sous les doigts, terrifié par un talent qui aurait pu s'échapper pendant ces quelques mois de repos, avec pour seule peur de ne plus savoir faire, de ne plus pouvoir me surpasser.
C'est un jeu délicat que le retour aux vieux démons, c'est une leçon, un exercice de tous les jours,
Chacun s'y attèle pourtant, avec un certain plaisir semble-t-il.
On ne sait plus se coucher la tête vide, pour cause trop de saloperies pointées sur le cerveau.
Mais c'est là bel et bien un soucis d'actualité et non personnel.

Mon entourage se dévoile peu à peu, le monde semble de moins en moins innocent,
Plus précisément il semblerait que chacun soit coupable.
Mon crime à moi serait de perdre progressivement l'enfant qui calait son cul boutonneux dans mes pantalons crades ,
La naïveté qui l'accompagnait se faisant peu à peu la malle à ses côtés.

Parfois cracher ici quelques mots à la gueule des masochistes qui s'y lovent me manque.
La plupart du temps la leçon est néanmoins restée bien imprimée sous mes ongles :
Who cares ?

Partagé entre un cri d'indignation généré par tant d'incompréhension, de bêtise et de lâcheté autour du moi,
Et un semi-sourire résultant de ces vénérés mots qui naissent toujours en moi,
Je ne fixe plus d'autres règles que celle d'être parfaitement tranquille,
A mes côtés ceux qui veulent partager l'expérience, à qui je lègue allègrement un coin de carapace.
On y retrouvera les sempiternels habitués - où du moins se plaira-t-on à le croire - et une nouvelle venue, sortie de nul part, qui semble se plaire à m'écouter cracher mon fiel et descendre mes bouteilles.
La fluctuation du temps, c'est juste des centaines d'aimants à polarités changeantes.

Je m'étonne toujours de cette manie naturelle d'écrire à la rallonge.
Ai-je tant besoin que ça de livrer des réflexions somme toute inlassablement classiques,
Ou prends-je juste mon pied à reformer des phrases composées de mots, de sons et de lettres ?

Gagner en maturité ne rend pas moins con, bien au contraire.
L'avenir ne me fait pas peur, mais je me passerais bien de devenir quelqu'un d'autre.
Vieillir est une étape irréversible, puisque la combattre est inutile, on peut toujours essayer de la transformer en une aventure nouvelle et instructive.
Je m'attèle à rester moi, continuer à dire à qui veut l'entendre que je me fous pas mal de ce qu'on peut bien dire,
A clamer bien fort que le monde serait plus heureux avec une sodomie matinale quotidienne,
A me foutre ouvertement de la gueule de ceux qui travaillent pour avoir les mêmes notes que moi au bac,
A boire mon café en respirant une cigarette roulée à la va-vite, mais toujours avec un filtre,
A combattre des boutons invincibles,
A roter, à péter, me curer le nez et être grossier,
A être vrai, au maximum,
A rire, surtout et inlassablement.

J'ai la tête remplie de booms, mes doigts glissent sur le manche de mon violoncelle,
Produisent un son du plus bel effet.
J'ai le nez qui saigne et m'en tamponne pas mal, vous en serez quittes pour une photo sans aucune concordance avec sa légende, qui elle résonne inlassablement dans ma tête.
Je marche, et ne m'arrêterai pas.
Personne n'est irremplaçable, et chaque mot compte.
On s'rappelle dans trois mois.


Je vais foutrement bien.